HISTORIQUE, DEFINITION DU MOT ‘’BRAID’’

Le mot "braid" a des origines germaniques. Il est lié au moyen anglais "brædan" et à l'ancien norrois "bregða", qui signifient tous deux "tresser" ou "faire des nœuds".

L'évolution du mot à conduit à son utilisation actuelle dans l'anglais moderne pour se référer à l'action de tresser des cheveux, ou d'autres matériaux souples, entremêlable ou tissable.

Il peut se référer non seulement à des tisserands, mais également à des fabricants de textiles, et aussi à d'autres métiers basés sur l'artisanat. Au sens propre du terme, il signifie tresse ou natte, c’est une coiffure qui consiste en une structure formée en entrelaçant, en tordant ou en pliant des brins de cheveux.

Quelques années après son apparition au beaux-arts d’Abidjan, le ”Braid’’ est détourné de son sens initial par un petit groupe d’étudiants. Il est attribué au nouchi (l’argot ivoirien), comme adjectif signifiant : mélangé, laid, vilain, désorganisé. Il était utilisé pour qualifier toute imperfection et se moquer de tout travail mal exécuté de certains étudiants, un mot utilisé entre les étudiants de manière ironique.—

Quelques mois plus tard, le mot est modifié suite à des frustrations émanant du fait que l’esthétique locale était négligée, mise de côté, à contrario de l’esthétique Occidental qui était les bases mêmes de la fondation des Beaux-Arts depuis les années 70.

Ce qui poussent les étudiants à se questionner sur la notion du beau et du laid. A travers la dérision, en domptant le mot. A « Braid » s’ ajoute « art », nous donnant le terme Braid’art, littéralement traduit dans le contexte des Beaux-Arts d’Abidjan par « art laid » ou « art du laid ».

Pour les artistes, au sens figuré du terme, « Braid » signifie : brassage, assemblage, fusion, mélange, métissage, car les braids s’inspirent de la tradition en utilisant des techniques actuelles afin de créer des oeuvres contemporaines. Au départ, ce n’était qu’un concept de jeunes passionnés, mais, aujourd’hui, c’est une tendance qui influence plus d’un artiste dans le paysage artistique ivoirien. Il n’ est plus un simple mot utilisé de façon dérisoire, mais il est aujourd’hui porteur de vision, d’espoir et d’engagement vis-à-vis de la tradition et de la société.

Braid’art se révèle engagé à effacer tous stéréotypes laissés par la colonisation dans la lecture et la compréhension du ''beau'' Ivoirien et Africain, mais aussi à rompre avec tout imposition formelle dans l’école des Beaux-Art d’Abidjan. Les Braid’artistes répondent ainsi aux problèmes existentiels (guerre, famine, inégalité, précarité, impérialisme, racisme …).

Aujourd’hui, les braid’artistes mettent en doute notre perception de ce qu’on pourrait qualifier de ‘’laid’’ ou de ‘’beau’’, et nous invitent à regarder au-delà du visible, mais pas que. L’artiste veut créer une hybridité culturelle entre tradition et modernité pour l’altérité, là où nos différences sont pour notre société un vrai atout. Ce qui est visible dans sa démarche plastique par l’utilisation des bombes, de l’acrylique, du compresseur associés aux masques “Gla“. ce qui jadis pour le Vohou-Vohou et du Daro-Daro en Côte d’Ivoire, qui étaient des mouvements radicalistes qui ne cherchaient à se mêler à aucune autre identité.

Pour Yao Franck, le braid’Art est une réaproppriation formelle et identitaire, une affirmation de soi en étant ouvert au reste du monde. Cette quête va au-delà de la race et/ou du lien biologique, avec une expression artistique fortement marquée par sa spontanéité, sans se soucier uniquement de l’anatomie académique et en puisant aussi dans l’esthétique traditionnelle dominée par les masques en Afrique de l’Ouest. Cet emprunt peut-être visible par l’utilisation de la morphologie des masques ou par l’interprétation du masque lui-même associé à l’’ADN humain.